Palaiseau, les seigneurs de Palaiseau, le château de Palaiseau
La ville reçut le nom de Palaiseau quand le roi Childebert 1er, fils de Clovis et de Sainte Clotilde, y établit son palais dans la première moitié du VI ème siècle. Il y reçut Saint Rigomer et Sainte Tenestine qui venaient du pays du Maine.
Le nom vient vraisemblablement du latin Palatiolum (petit palais), et diverses appellations comme Palaciolo, Palesolio, Paleisol, …
La paroisse fut érigée en 741 et le roi Pépin fit don de tout le domaine de Palaiseau à l’Abbaye de Saint Germain des Prés. L’Abbé de Saint Germain nomma en 795 Warodius, curé de Palaiseau (sur la plaque des noms des curés de St Martin, à gauche du choeur).
Dans la période qui suivit les invasions normandes, Hugues le Grand (de Palaciolo) et des seigneurs laïques aliénèrent le fief qui appartenait depuis 1060 à la famille Le Riche de Paris. Les seigneurs de Palaiseau construisirent un prieuré qui fut donné en 1105 à l’Abbaye de Bourgueil. Ce sont les Prieurs des XII et XIII èmes siècles qui construisirent la première église en pierre, dont il reste la crypte sous l’église actuelle, ainsi que le choeur, alors que la nef a été reconstruite vers 1470.
A partir de la fin du XIV ème siècle apparut la famille des Harville. Riches et actifs seigneurs du lieu, les Harville furent des compagnons de Jeanne d’Arc. Leurs armoiries sont présentes dans l’église et ils veillaient sur les écoles gratuites de Palaiseau qui avaient été créées par les Prieurs. En 1627, Louis XIII érige Palaiseau en marquisat pour Anne-Antoine de Harville, chevalier et marquis de Palloyseau, et Constance de Harville, décédée en 1756 est la dernière propriétaire de la Seigneurie de Paloiseau.
L’histoire de l’église de St Martin est liée à celle de l’Abbaye de Port Royal. D’une part, en raison du mariage de Nicolas-Simon Arnauld avec Constance de Harville et d’autre part par le fait que plusieurs Abbesses de Port-Royal étaient issues de la famille Arnauld. En raison de l’adhésion de Port Royal au Jansénisme, il a été question en 1710 de raser l’église et les bâtiments conventuels. Mais, sur demande du marquis de Pomponne, l’inhumation des restes de la famille Arnauld eut lieu dans le sous-sol de la chapelle basse de l’église St Martin, qui servait de sacristie et l’église resta en place.
La Révolution française a eu pour conséquence la fermeture de l’église en décembre 1793. L’église fut rendue au culte catholique le 24 Juin 1795.

L’église St Martin
La complexité de la construction se révèle quand on pénètre dans l’église par une belle porte ancienne, selon l’historien John JAMES, spécialiste de la cathédrale de Chartres, le portail peut être daté de 1140 à 1150, le clocher de 1160, les deux travées gothiques du choeur de 1150 à 1155 avec une voûte construite vers 1185, tandis que la travée du bas-côté, précédant la chapelle haute, est de 1205 à 1210.
A l’extérieur, l’église St Martin apparaît comme un édifice construit sur un plan très simple ayant la forme d’un parallélépipède rectangle. La vaste place gazonnée en terrasse, encadrée d’une allée de tilleuls, qui est l’ancien cimetière (désaffecté depuis 1885), permet de voir sous divers angles le bâtiment à trois nefs et chevet plat.
Le clocher du XIIème siècle, possédait, avant la Révolution française, quatre cloches qui furent fondues en 1793 pour l’usage militaire. Trois cloches nouvelles ont été placées en 1856 et 1866. L’escalier extérieur du clocher se termine par une voûte sous laquelle apparaissent intactes les armes des Harville. Lors de la réfection de la toiture en 1866, elle fut dotée d’une flèche de 26 mètres couverte d’ardoise. Le coq du clocher culmine à 42 mètres du sol.
La facade qui présente trois pignons, comme le chevet, conserve un portail roman au-dessus duquel était placée, dans une niche, une très belle vierge du XIVème siècle, mais qui s’est effondrée en décembre 2024 (voir rubrique ci-dessous). La porte et les colonnes sont du XIIème.
A l’intérieur, la nef, accompagnée de voûtes du XVème siècle, est terminée par le choeur rectangulaire de deux travées, sur-plombé du clocher. La nef, couverte d’un lambris en charpente, est séparée des bas-côtés par des arcades ogivales qui sont chacune surmontées du blason des Harville dont il manque les coquilles. Les bas-côtés ont les voûtes en briques recouvertes de plâtre qui ont été construites au XIXème siècle. On peut y admirer deux tableaux remarquables : dans le bas, côté droit, Agar et l’Ange, toile du XVIIème siècle, au-dessus d’une vitrine contenant des objets liturgiques et dans le bas-côté gauche, une Vierge à l’Enfant, panneau peint de l’école flamande du XVIème siècle.

Le maitre-autel du choeur est en bois sculpté et peint en faux marbre vert et doré. Il est du XVIIème siècle comme le pied en bois doré du cierge pascal. Le double rang de stalles a été construit par un artisan local et inauguré, semble-t’il en 1719.
La « Vierge à l’Enfant »
Disparition de la « Vierge à l’Enfant » placée dans la niche au-dessus du porche de l’église.
Datée du premier quart du XIVe siècle, elle était classée depuis 1902.
Nous la contemplions en passant devant l’église ou avant d’y entrer. Elle veillait sur nous.
Un matin de fin novembre 2024, certainement fragilisée par l’ humidité et le gel de deux nuits, elle est tombée et s’est totalement brisée au sol. Le socle restant a été vérifié et est bien scellé.
C’est une belle œuvre du patrimoine que nous perdons. Une réflexion va être mise en place avec la Mairie pour son éventuel remplacement.

Les chapelles et la sacristie
A droite du choeur, on accède à la chapelle haute en montant quelques marches. Un grand retable en bois du XVIIIème siècle offre aux regards un tableau central représentant la Visitation; une vierge en bois surmonte le tableau.
Sous le grand autel, une crypte sert de sacristie. Un escalier permet d’accéder à la chapelle basse, du XVème siècle, voûtée avec une clef de voûte portant les armes des Harville. On peut y admirer plusieurs tableaux, dont le Baptème du Christ, une Sainte Famille et un bâton de procession représentant St Vincent, patron des vignerons. La vigne fut cultivée à Palaiseau jusqu’au XIXème siècle.
